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17 décembre 2016

Le supersonique de Boom, successeur du Concorde, se prépare























Le projet d'avion supersonique de l'entreprise américaine Boom avance : un démonstrateur, biplace, vient d'être présenté. Il ne volera que fin 2017 au mieux mais préfigure un appareil commercial capable d'emmener une petite cinquantaine de passagers à Mach 2,2, soit un peu plus vite que le Concorde. Le prix du vol sera abordable, promet la société.

Basée dans le Colorado, à Denver, la société Boom travaille depuis plusieurs années sur le projet d'un avion supersonique de transport de passagers et a reçu l'aide de Virgin Galactic, qui affirme avoir précommandé dix appareils. Pleine d'enthousiasme, elle prévoit le premier vol en 2020 pour un début d'exploitation commerciale en 2023. D'ici là, elle aura testé un démonstrateur à l'échelle un tiers qui vient d'être présenté.

Comme le modèle final, ce XB1 (baptisé Baby Boom) devrait atteindre Mach 2,2 (contre un peu plus de Mach 2 pour le Concorde). L'avion de 20 m de long dispose d'une aile delta d'une envergure de 5 m. Il porte trois réacteurs General Electrics J85-21, issus d'une longue série de turbines déjà installées sur de nombreux avions, qui ne seront pas équipés de post-combustion (à la différence du Concorde qui exploitait cette poussée supplémentaire pour décoller et passer le mur du son). L'engin de six tonnes n'emportera qu'un équipage de deux personnes, avec une petite autonomie de 1.000 milles nautiques (1.852 km), pour des essais qui seront menés à partir de la fin de 2017, affirme Boom. Ces vols auront lieu à partir de la base d'Edwards, dans le désert de Mojave, en Californie, qui appartient à l'armée de l'air américaine.

Le supersonique volera à Mach 2,2

L'avion définitif serait aussi un triréacteur (le Concorde avait quatre moteurs) de taille réduite pour un avion de ligne, avec une envergure de 18 m pour 51 m de longueur. Il n'emporterait que 45 à 55 passagers sur une distance maximale de 4.500 milles nautiques, soit 8.300 km environ (6.800 pour le Concorde), mais le double avec un arrêt pour remplir les réservoirs. Avec sa vitesse de croisière de Mach 2,2 à 18 km d'altitude, Londres et New York seraient séparés de 3 heures et 15 minutes.
D'après Boom, le prix du billet sur un tel trajet (aller) serait similaire à celui d'un avion actuel en classe affaire, « 2.500 dollars » écrit l'entreprise sur son site Web (soit 2.300 euros environ). Pourquoi une telle différence avec le Concorde ? Grâce aux nouveaux matériaux, plus légers, et à des technologies qui n'existaient pas dans les années 1960 quand le supersonique francobritannique a été conçu. Comme pour son prédécesseur européen, cependant, voler plus vite que le son ne sera possible qu'au-dessus de l'océan, à cause du bruit du « bang » supersonique. Malgré cette limitation, Boom espère que son futur avion pourra offrir 500 trajets autour de la planète.

L'entreprise n'est pas la seule à imaginer des avions supersoniques pour transporter des passagers. La Nasa y travaille, Boeing également et Airbus a présenté des études sur un appareil hypersonique tandis que l'Esa soutient le projet Lapcat, qui vise Mach 5 à Mach 8. La course au nombre de passagers avec des avions de plus en plus gros laissera-t-elle la place à la recherche de la vitesse ?

Source : Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences 16/11/2016